MILLESIME 2005 de l’appellation GIGONDAS à Gigondas
Le nom de Gigondas viendrait du latin « Juconditas », la joie. Il est vrai que cet écrin sudiste, planqué entre la plaine et les dentelles de Montmirail, respire une certaine quiétude et met au visiteur réceptif un sourire aussi naturel que sincère. En plus de la beauté du site, les odeurs de romarin qui viennent embaumer les narines parfument une langueur réconfortante. Une histoire riche, avec bien sûr une présence des ordres religieux et un rattachement à la principauté d’Orange jusqu’au XVIIème siècle.
Le vignoble s’étend en terrasses accidentées, tel un drap négligemment froissé sur un lit. Le terroir est constitué d’argiles rouges caillouteuses dont la couleur impressionne et réchauffe le regard. Etendues sur 1.200 hectares, les vignes se situent exclusivement sur cette commune. Limités à un rendement de 30 hectolitres à l’hectare, ces vins virils intéresseront l’amateur intelligent En effet, avec un encépagement à très forte dominante de grenache (jusque 80 %), avec syrah et mourvèdre en seconds violons (avec un minimum de 15 %), on se retrouve avec un assemblage très proche de celui de Chateauneuf-du-Pape son glorieux voisin, mais avec des prix s’élevant rarement au dessus de 10 €. Si Chateauneuf a aussi construit sa gloire sur ses 13 cépages, quel domaine peut encore s’enorgueillir les utiliser en totalité ? Air de famille, certes, mais la différence est aussi dans le terroir…
Le climat est bien sûr méridional, chaud et sec. Des pointes de mistral auront de toute façon vite calmé les éventuelles vélléités de la pourriture. Ces facteurs permettent à ces nectars d’arriver jusque 14.5 ° sous le capot, les moteurs ne sont pas bridés !
Je remercie encore le caveau de Gigondas pour cette magnifique dégustation, et je vous invite à découvrir la fabuleuse table « l’Oustalet », située juste à côté du caveau. Cyril Glémot est autant humble que talentueux, et la discrétion du personnel s’harmonise avec le talent de la cuisine.
DEGUSTATION
Elle a eu lieu « in situ », à la maison des vins de Gigondas. Merci à vous tous pour cet excellent accueil, et l’organisation mise en place.
Château SABLET ***
nez vanillé, au grenache bien marqué. La bouche est bien faite, relativement ronde pour un Gigondas. La longueur est moyenne.
Domaine des Chênes Blancs ***(*)
nez très expressif, curieusement marqué par la syrah qui pourtant n’est pas majoritaire, violettes, poivre, épices, notes viandées. La bouche était bien faite, structurée mais dotée d’une certaine souplesse. Très agréable.
Domaine de la Colline Saint-Jean ****
assemblage de 75 % de grenache et de 25 % de mourvèdre, mûri 12 mois en fûts. A la dégustation, il donne une impression d’austérité et de sévérité au nez, avec des arômes minéraux et de garrigue. La bouche est virile, masculine, corsée, avec une impression de garde indéniable. Un grand vin.
Domaine des Espiers ***
au très beau nez de prunes, d’épices, de pâtisserie chaude. La bouche est bien faite, bien que l’expression aromatique y soit à ce niveau simple. Mais ça reste un beau vin. Il s’agit d’un assemblage de grenache à 65 % et de syrah pour le solde.
Domaine le Grand Bourjassot ***
présentait un beau nez de fruits noirs et d’épices. La bouche était quant à elle bien faite, ayant peu de densité, plus sur la longueur que sur la largeur. J’ai trouvé là un style différent et personnel. Belle longueur.
Domaine du Grapillon d’Or ****
j’ai trouvé un très beau nez, avec des notes de viande, de lard, et des touches minérales. La bouche est bien faite, avec les arômes du nez qui s’y retrouvent, le tout dans une bonne densité, une bonne longueur et une harmonie rare.
Domaine des Palliéroudas ****
Avec une bonne bouche, costaud et rustique, c’est un vrai vin de garde dont les arômes sont axés sur la prune, la violette, des notes d’herbes aromatiques. La proportion de grenache est importante (90 %), le reste est du mourvèdre. La longueur est phénoménale. Il faut suivre absolument ce domaine qui fera parler de lui dans les années à venir.
Domaine de Piaugier ***
présentait à la dégustation une très belle couleur, soutenue, un beau nez, avec des notes animales, mais avec hélas quelques amers trop marqués. La finale est convenable. L’assemblage privilégie une grande part de grenache (80 %).

même si ça ou là les barriques sont présentes, il y a beaucoup d’élevage sur cuves, afin de conserver fruité sans pour autant renier la vigueur de ces vins intenses.