dégustation « Roi Chambertin 2013 » du millésime 2012 : succès total !!!
J’étais invité il y a quelques jours à la dégustation des primeurs de Gevrey-Chambertin, désormais baptisée à mon grand bonheur « Roi Chambertin ». Cette festivité haute en couleur des années 80 pourrait revoir le jour, ce qui démontre le dynamisme de ce village emblématique de la côte de Nuits. La bonne idée du choix de la date coïncidait avec une autre bonne idée : remettre la dégustation de Gevrey à Gevrey.
Depuis 3 millésimes, Gevrey refuse la pantalonnade des dégustations primeur de printemps, utilisant l’argument fondé des vins qui ne sont bien sûr pas prêts à la dégustation, d’où mon soutien total et indéfectible (voir le premier article écrit pour la circonstance en CLIQUANT ICI). Si certaines régions sont entrées dans cette logique pour répondre à l’appel des sirènes-gourous-anglo-saxons, quitte à présenter des vins qu’on aura rendus présentables, libres à eux. Chez nous en Bourgogne, rien à faire, les vins travaillent, ils prennent le temps de naître, d’éclore. Difficile pour moi d’imaginer de battre ma femme pour qu’elle accouche, et obligatoirement du plus beau bébé.
Novembre est de surcroît la bonne période. On arrive à la fin de l’élevage, et ça permet aussi d’organiser cette manifestation le jeudi avant la vente des Hospices. Les journalistes de l’extérieur pourront ainsi organiser leur déplacement. En parlant d’organisation, un immense big up à Gevrey, ses vignerons qui se sont mobilisés, et surtout à Fabienne BALLORIN qui avait le costume de relation presse, et qui a fait un boulot fantastique.
La dégustation avait lieu à l’Espace Chambertin, au cœur du village des irréductibles Burgondes. En sous-sol, l’éclairage était malgré tout convenable, environ 120 échantillons soumis à la sagacité de nos papilles. Je déplore le manque de temps (environ 4 heures) pour déguster l’ensemble et vous le relater. Une ouverture des lieux dès 14 heures serait bienvenue. Et ça ne ferait aucun mal aux échantillons dont certains avaient besoin d’air. On pourrait envisager pour l’année prochaine une session « à l’aveugle » facultative pour ceux qui le souhaitent. L’idée est lancée.
Des crachoirs à foison, de bons verres, et des journalistes (enfin) là. Si on peut constater la présence de Michel BETTANE (qui avait été ponctuel lors des deux précédentes éditions), notons aussi celle de Bernard BURTSCHY. La presse « digitale » n’était pas en reste, car m’accompagnait Emmanuel DELMAS (pour découvrir son blog, CLIQUEZ ICI), qui est resté en mon gîte durant quelques jours pour un petit périple burgonde, mais aussi le truculent Olivier GROSJEAN du blog d’Olif (pour découvrir son blog, CLIQUEZ ICI). Un autre excellent blogueur : Jean-François GUYARD du blog Vinifera Mundi, qui est en suisse allemand, mais probablement l’un des plus précis, des plus rigoureux qui soit, du suisse en quelque sorte… Aussi mon ami Olaf LEENDERS, sommelier et blogueur de Vinama (dans la langue de Stijn Streuvels, soit en néerlandais), m’a fait la surprise de sa présence. Enfin, Bill NANSON du blog Burgundy Report qui est avec moi le seul qui ait participé à l’ensemble des dégustations de Gevrey. Quelques dégustateurs picaresques étaient aussi de la partie, dont certain a fait l’honneur du dîner exclusivement. Néanmoins, par rapport aux éditions précédentes où on comptait les (vrais) dégustateurs sur les doigts d’une main, on peut ici parler de victoire éclatante, non seulement d’un village, mais d’une vraie vision du vin. Bravo Gevrey !

en voilà une belle brochette de dégustateurs ! de gauche à droite : Emmanuel DELMAS, Olivier GROSJEAN et myself.
Pour parler du millésime à l’honneur 2012, il doit être la priorité TOTALE des acheteurs de vins. De fruit juteux, d’une belle acidité et d’un tanin hors norme, c’est un millésime qui aura de la tenue. Doté d’une belle couleur, il a parfois été ardu à déguster et c’est l’apanage des grandes années. C’est pourquoi j’ai réservé certaines notes. Les vins qui n’étaient pas sous leur meilleur jour ou pas à mon goût seront repris sur le compte-rendu à venir, à une nouvelle mention appelée « vins dégustés et non-retenus ». Cela vous permettra de faire une opinion personnelle si vous êtes amenés à déguster ces vins, plutôt que les rejeter sur l’autel des jajas irrémédiablement condamnés aux oubliettes. Certains ayant eu besoin au moment de la dégustation d’un grand soutirage, mais où le travail d’élevage ne le nécessitait pas forcément, d’où la difficulté. En Bourgogne, c’est le vin qui commande.
Le soir, un excellent dîner préparé par l’excellentissime Thomas COLLOMB de la maison des Cariatides à Dijon, et qui va reprendre la Rôtisserie du Chambertin, adresse emblématique du village de nos joyeux Bourguignons, et qui va sans doute aucun donner un nouveau lustre à la gastronomie gibriaçoise. A ma table, j’ai eu l’honneur insigne de croiser le verre avec Jacques MARCHAND du domaine MARCHAND-GRILLOT, le Philippe NOIRET Gibriaçois, et le domaine ROSSIGNOL-TRAPET dont j’adore autant les hommes que les vins. Le beau millésime 2002 était à l’honneur, avec quelques bouteilles qui mises sur orbite ont tourné de table en table.

Jacques MARCHAND partage avec Philippe NOIRET un certain physique, mais aussi une malice placide et une répartie pleine de bon sens. Merci Jacques.

double strike dans mon bec de fin gousier : la joue de bœuf PARFAITEMENT braisée et concoctée par Thomas COLLOMB, et le Latricières-Chambertin des frères ROSSIGNOL-TRAPET, une main de velours dans un gant de velours. Du bonheur.
Un compte-rendu précis sera fourni dans les jours à venir, uniquement sur les vins de village et les Grands Crus. En effet, le temps cruellement a manqué pour déguster l’ensemble des échantillons, là encore bravo aux vignerons d’avoir joué le jeu. Pour les premiers crus, je les ai plutôt survolés mais ont été retenus le « clos Saint-Jacques » de Sylvie ESMONIN, le « Fontenys » du domaine SERAFIN et le « Poissenot » du domaine HUMBERT, qui pour moi étaient supérieurs à ceux dégustés.
Nous avons eu aussi au discours traditionnel déclamé par Philippe CHARLOPIN, porte-parole du syndicat de Gevrey-Chambertin, et de son président Jean-Michel GUILLON, dont la maîtrise de la langue de Shakespeare a subjugué l’assistance, y compris nos collègues outre-manche ou outre-Atlantique, ou outre peu importe qui cause pas français. Ce petit numéro est à repenser, car je l’ai trouvé excellent et spontané.

quand le chef s’éclate, il ne fait pas semblant : pâté en croûte de lapin au foie gras et salade à l’huile de noisette. Le président du syndicat, l’excellent Jean-Michel GUILLON dont la maîtrise de la langue de Shakespeare a subjugué l’assemblée. Merci président pour ce canon de fraîcheur.
Que rajouter ? Ben à l’année prochaine pardi ! Des dégustations parfaites, j’en redemande. Et que les autres villages s’inspirent de cet idée… Tiens il m’en vient une… « toute la Burgondie est occupée par les dégus-tâteurs saxons. Toute ? Non, seul un petit village résiste, peuplé d’irréductibles Burgondes… ». Allez, je vois bien un village comme Pommard ou Meursault enquiller le pas. Ben quoi, j’ai le droit de me dire : « I have a dream » non ? Mon côté marxiste, tendance Groucho, ascendant Luthérien…

avoir les frères ROSSIGNOL du domaine ROSSIGNOL-TRAPET à sa table, c’est la certitude de passer une bonne soirée où l’humour et le bon sens domineront. Merci les amis.